Le baladeur présidentiel
On vit décidément une époque formidable où l'on peut se faire élire chef du monde sur la qualité intrinsèque de la musique stockée dans son iPod !
Certes, ce n'était pas là le seul argument de Barack Obama, et tout cela a un parfum de marketing politique bien pensé. Mais quand au début de l'été 2008, au moment où la campagne électorale commence à battre son plein, le candidat démocrate choisit de révéler le contenu de son baladeur numérique, ou du moins les chansons fétiches de sa playlist, la politique, d'un coup, se modernise On y trouvait «As» de Stevie Wonder, l'un de ses héros et bien sûr quantité de hits signés Aretha Franklin, l'in contestable reine de la soul, mais aussi «The Rising» une chanson écrite après les attentats terroristes du 11 septembre 2001 par Bruce Springsteen, qui va devenir la chanson officielle de sa campagne. Le Boss qui figure alors parmi les premiers artistes à soutenir le candidat Obama (avec George Clooney, Matt Damon, Will Smith, Robert De Niro, le rappeur Nas, la chanteuse des Pussycat Dolls Nicole Scherzinger, Oprah Winfrey la grande prêtresse cathodique, ou encore le documentariste trublion Michael Moore), se fera d'ailleurs une joie de venir chanter «The Rising» lors de l'investiture officielle début 2009. Dans le baladeur d'Obama, on trouvait aussi Bob Dylan, Miles Davis, John Coltrane, Maria Callas ou les Rolling Stones. Et au rayon plus moderne : la chanson «Empire State of Mind», créée en duo par la chanteuse Alicia Keys et le rappeur Jay Z.
Par comparaison, la playlist du baladeur du candidat républicain John McCain était du genre navrant, avec des chansons émoussées d'Abba, des Beach Boys, saupoudré d'un peu de Richard Wagner, et quelques vieilles scies country, entre autres Kenny Loggins.
Barack Obama n'a pas été élu QUE sur sa playlist perso, bien sûr, mais son bon goût fait plaisir, et lors de sa cérémonie d'investiture, en janvier 2009, le concert We Are One, donné au Lincoln Mémorial devant la foule en liesse réunissait la crème de la musique : Mary J. Blige, Bon Jovi, Bruce Springsteen, donc, et encore Will I am (l'auteur de la chanson «Yes We Can»), Usher, U2, Stevie Wonder, Beyoncé, Herbie Hancock, John Mellencamp, John Legend, Pete Seeger, Shakira, James Taylor, etc., sans parler de la tripotée d'acteurs qui faisaient d'Hollywood un désert ce jour-là.
Quand on sait que quelques mois plus tôt, en Gaule, une cérémonie place de la Concorde célébrait l'élection d'un autre président en présence des artistes qui peuplaient son baladeur à lui - Didier Barbelivien, Enrico Macias, Faudel, Jeane Manson et Mireille Mathieu - on est d'abord saisi d'un irrépressible frisson, puis on se fige dans une stupeur désolée.
Dans cette version enrichie, retrouvez 50 de ses meilleures chroniques ainsi que des vidéos inédites de l'auteur et des liens pour aller écouter les plus grands tubes du rock !
Depuis la rentrée 2010, Gilles Verlant enchante les auditeurs de France Bleu avec sa "Scandaleuse Histoire du rock". Chaque jour, ils sont des millions à l'écouter raconter comment les Rolling Stones ont composé "(I Can't Get No) Satisfaction", comment John Lennon a affirmé que les Beatles étaient plus populaires que Jésus-Christ ou pourquoi Elvis Presley n'a jamais effectué de tournée en Europe.
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